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MOYEN-AGE

789
Charlemagne promulgue l’Admonitio generalis (Exhortation générale).
Vaste programme de réformes qui lance ce que l’on nommera plus tard la « Renaissance carolingienne », en particulier la restauration des écoles et l’amélioration du latin écrit.
800
800
Charlemagne Empereur des Romains.
Charles, « roi des Francs », est sacré « Empereur des Romains » à Rome par le pape, 324 ans après la chute de l’Empire romain d’Occident.
813
Concile de Tours : les évêques doivent prêcher en langue du peuple.
Le canon 17 préconise aux évêques de prêcher « en langue romane rustique ou en tudesque, afin que tous puissent plus facilement comprendre ce qui est dit. » Première attestation d’une « langue romane », distincte du latin.
842
Serments de Strasbourg
Les deux petits-fils de Charlemagne Charles le Chauve et Louis le Germanique et leurs armées prêtent un serment d’alliance contre leur troisième frère Lothaire. Le serment est prononcé en langue « romane » et en langue « tudesque ». Transcrit par le chroniqueur Nithard, le serment constitue le plus ancien texte connu en langue romane. Pour la première fois, la langue parlée est chargée d’une fonction politique qui était jusque-là réservée au latin.
900
Xième siècle
L’occitan se détache du latin dans les textes.
Le passage à l’écrit des langues romanes s’inscrit dans un long processus lent dont on perçoit les débuts dès le VIIIe et IXe siècle. L’innovation que représente l’adoption de l’écriture pour l’occitan au cours du Xe siècle amorce un important changement culturel.
1000
début du XIe siècle
Premières œuvres littéraires en occitan.
Les plus anciens textes littéraires occitans conservés proviennent de foyers cléricaux, en particulier limousins. C’est au tournant de l’An Mil qu’émerge un sentiment culturel assez fort pour composer dans la langue nouvelle. L’œuvre la plus importante est le Boeci où le clerc paraphrasant le traité de Boèce se fait poète véritable.
1100
1096
Raimond IV, comte de Toulouse, prend la tête de la noblesse d’oc pour la première croisade.
Au moment de la première croisade, Raimond de Saint-Gilles, devenu le comte Raimond IV de Toulouse, avait constitué un immense domaine des Alpes à la Garonne, qui lui donnèrent rétrospectivement l’apparence d’un « roi du Midi sans couronne. »
Début du XIIe siècle
Guilhem IX, duc d’Aquitaine,
« premier » troubadour.
Le premier troubadour connu est un grand seigneur, comte de Poitiers et duc d’Aquitaine, maître d’un territoire allant de la Loire à la Garonne. Il invente un art de cour raffiné, une poésie chantée à usage privée célébrant amour, joie et jeunesse.
1102
Premier acte rédigé entièrement en occitan.
Dans le domaine de l’écrit non littéraire on assiste dès le Xe siècle, à l’apparition de mots, expressions, parfois de phrases en occitan dans des textes en « latin farci. » Au tournant du XIIe siècle apparaissent les premiers textes entièrement en occitan. Il s’agit de listes ou d’inventaires comme la liste de cens du cartulaire de l’abbaye de Sauxillanges (Puy-de-Dôme), rédigée entre 1060-1073, le plus ancien document connu de ce type. Le premier texte véritablement rédigé en occitan est l’acte de donation des biens d’un hobereau rouergat, Adémar Ot, à sa fille Guilhelma (10 avril 1102).
1130
Deuxième génération de troubadours
Autour de deux courants, dominés par deux troubadours qui tout oppose : Jaufré Rudel et Marcabru. Jaufré Rudel, prince de Blaye, dont la légende, construite par une Vida rédigée au XIIIe siècle, fascine jusqu’à nos jours, est le poète de l’amour de loin. Amoureux de la comtesse de Tripoli sur les simples déclarations des pèlerins, il se met à composer de nombreux vers à son sujet et habité par le désir de la voir il prend la mer pour la rejoindre. Tombé malade, il meurt dans ses bras. Il compare explicitement son entreprise vers la femme idéale et lointaine à celle des pèlerins en marche vers la terre promise. Il dit lui-même chanter des vers faciles, qui coulent de source. Á l’inverse Marcabru, poète d’origine populaire, produit une œuvre critique sur la fin’amor ou la société de son temps, et difficile sur la forme (poète du trobar clus : fermé, difficile)
1144
Alphonse Jourdain, comte de Toulouse, fonde la bastide de Montauban.
De Raimond IV à la Croisade contre les Albigeois, les terres toulousaines connaissent une sorte d’âge d’or. Dans un contexte de paix et de prospérité, le comte Alphonse Jourdain entreprend la fondation de Montauban, préfigurant le grand mouvement de création des bastides au cours des XIIIe et XIVe siècle et à rapprocher du développement des libertés communales au cours du siècle. Ces villes nouvelles sont régies par des chartes de coutumes, souvent rédigées en occitan. Elles constituent un véritable contrat social garantissant le droit des habitants.
1145
Mission de Bernard de Clairvaux en pays toulousain : première mention des « hérétiques albigeois »
De Raimond IV à la Croisade contre les Albigeois, les terres toulousaines connaissent une sorte d’âge d’or. Dans un contexte de paix et de prospérité, le comte Alphonse Jourdain entreprend la fondation de Montauban, préfigurant le grand mouvement de création des bastides au cours des XIIIe et XIVe siècle et à rapprocher du développement des libertés communales au cours du siècle. Ces villes nouvelles sont régies par des chartes de coutumes, souvent rédigées en occitan. Elles constituent un véritable contrat social garantissant le droit des habitants.
1150
Troisième génération de troubadour, début du grand trobar classique.
Une troisième génération de troubadours apparaît vers 1150 et porte l’art du trobar à sa maturité et son excellence avec notamment Bernard de Ventadorn, considéré comme un des plus grands poètes lyriques de la littérature occidentale.
1152
Mariage d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri Plantagenêt, futur roi d’Angleterre
Petite-fille du duc-troubadour Guilhem IX, Aliénor hérite du puissant duché d’Aquitaine en 1130. Elle épouse le roi de France en 1137. Après l’annulation de ce premier mariage, elle épouse Henri Plantagenêt, futur roi d’Angleterre. Aliénor entretient une cour brillante et favorise l’expansion de l’art des troubadours comme l’essor des romans.
1155
Naissance du roman arthurien à la cour d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri II
Le légendaire roi Arthur entre véritablement en littérature vers 1155 lorsque Robert Wace, poète anglo-normand à la cour d'Aliénor d'Aquitaine et d'Henri II Plantagenêt, développe les aspects les plus romanesques de la légende dans son Roman de Brut. Ce texte en langue romane, d'où son nom de « roman », est composé en vers.
1167
Assemblée de Saint-Félix-de-Lauragais, organisation de l'Église cathare en Occitanie.
À l’initiative de l'Église cathare du Toulousain, réunion d’une assemblée générale des Églises hérétiques européennes sous la présidence d’un dignitaire bogomile, l’évêque de Constantinople Nicétas. Création des évêchés cathares en Occitanie (Toulousains, Carcassès, Agenais).
1180
Quatrième génération de troubadours, début du rayonnement international de la lyrique occitane.
Au tournant du XIIIe siècle, l’occitan littéraire des troubadours deviennent une langue internationale. En Provence, terre d’Empire, se produit le contact entre troubadours provençaux et Minnesänger allemands. Les souverains aragonais et anglais quant à eux on d’importantes possessions en Occitanie et font vivre l’art du trobar à leur cour. Pèire Vidal est l’archétype du troubadour européen, qui erre de protecteur en protecteur, jusqu’à Malte et la Hongrie. Au cours du XIIIe siècle, des poètes italiens ou catalans von devenir troubadours eux-mêmes, composant leurs chansons en occitan.
« En trois-quarts de siècle, les troubadours auront empli l’espace entre Loire, Èbre et Arno de strophes chantées dont le ton et le sens nous ravissent encore… L’Europe des poètes est née occitane. » Robert Lafont
1188
Le for général, applicable à tout le Béarn, est promulgué par Gaston VI de Béarn.
Les fors de Béarn sont l’ensemble des textes légaux réglant la vie politique, sociale et économique de la vicomté de Béarn.
1200
1209
Début de la Croisade contre les Albigeois. Sac de Béziers. Prise de Carcassonne et chute de Trencavel.
En 1209 une importante armée croisée arrive en Languedoc répondant à l’appel du pape Innocent III contre l’hérésie qui s’y est développée. Le massacre de la population de Béziers marquera durablement les esprits. Dans son célèbre sirventès contre Rome, le troubadour Guilhem Figueira condamne l'Église pour ce crime, « Mout estranh mazel », si répugante boucherie. Avec la prise de Carcassonne et la chute des Trencavel, puissants seigneurs languedociens, la Croisade devient une guerre de conquête territoriale au profit du chef croisé Simon de Montfort.
1210
Premier bûcher contre les hérétiques à Minerve.
Le siège de Minerve se solde par la livraison des 150 « bons hommes » et « bonnes femmes » réfugiés dans la cité à l’armée croisée qui les condamne au bûcher. Le bûcher de Minerve est le premier d’une longue série qui marquera plus d’un siècle de persécutions religieuses en Languedoc.
1213
Bataille de Muret
La bataille de Muret est la seule bataille rangée de la Croisade. Elle vit s’affronter l’alliance des Toulousains et du roi d’Aragon aux troupes de Simon de Montfort. La lourde défaite de la coalition aragono-toulousaine et la mort du roi Pierre II d’Aragon mettent fin à l’émergence d’un espace politique catalano-occitan.
XIIIe siècle
Troubadours : poésie de résistance.
La lyrique des troubadours, à son apogée au début du XIIIe siècle, prend acte de la gravité des événements qui poussent les poètes à un approfondissement moral et à prendre parti. Avec son sirventes contre Rome, Guilhem Figueira compose une des satires les plus féroces de la papauté qu’ait connu le Moyen Âge.
«D'un sirventes far en est son que m'agenssa» Guilhem Figuèira
1229
Traité de Meaux-Paris : fin de la Croisade contre les Albigeois.
1244
Bûcher de Montségur.
La cité fortifiée de Montségur est devenu le dernier refuge des hérétiques et accueille aussi des chevaliers « faidits », seigneurs rebelles dépossédés de leur terre. Sa chute, marquée par la condamnation au bûcher de plus de 200 « bons hommes » et « bonnes femmes » porte un coup mortel à l'Église cathare qui disparaît en 1321 avec la condamnation au bûcher de Guilhem Bélibaste, dernier « bon homme » ou « parfait » cathare. Redécouverte au XIXe siècle, la cité de Montségur est un lieu de mémoire de l’occitanisme.
1271
Le comté de Toulouse est rattaché au domaine du roi de France
1277
L’évêque de Paris Étienne Tempier, condamne le De amore (Traité de l’Amour) d'André le Chapelain.
Vers 1280
Apparition des termes Langue d’oc et son équivalent latin Occitania.
Les terres toulousaines conquises au lendemain de la Croisade sont nommées par l’administration royale d’après leur identité linguistique. Elles sont dites terres de « langue d’oc » - qui a donné Languedoc - par opposition à celles de « langue d’oïl », au nord du royaume. Le poète italien Dante fut le premier à diviser la Romania, les pays de langues romanes, d’après les trois façons d’y exprimer l’affirmation : les régions du « si » (Italie, péninsule ibérique), du « òc » (Occitanie) et du « oïl » (France du Nord).
« je teste, more patriae Occitanae,... » (je teste selon la coutume de la patrie occitane...).Testament de Lancelot d’Orgemont, 1286.
1300
vers 1303
Dante écrit son De vulgari eloquentia (« De l'éloquence vulgaire »)
1309
Les papes limousins s’installent en Avignon.
Les papes d’Avignon créent un foyer culturel à partir de la Provence rhodanienne : de nombreuses oeuvres religieuses, traductions d’ouvrages scientifiques, etc. sont rédigés en occitan.
1322
révolte des Franciscains béguins ? / condamnation Jean Olieu.
= Un ensemble de proses franciscaines occitanes.
1323
Fondation à Toulouse de la Sobregaya Companhia dols VII Trobadors de Tolosa (Consistoire du Gai Savoir).
Ces 7 « troubadours » sont en réalité des bourgeois décidés à restaurer l’éclat de la poésie des « anciens troubadours ». Le Consistoire du Gai Savoir, chargé de décerner annuellement, en mai, des prix de poésie au frais de l’administration municipale, prime 450 pièces poétiques en occitan de 1323 à 1484.
1337
Début de la Guerre de Cent ans (1337-1453).
1343
Gaston Fébus, comte de Foix et vicomte de Béarn.
1393
Jean Ier d’Aragon institue à Barcelone des Jeux floraux et un Consistoire du Gai savoir sur le modèle toulousain.
1400
1444
Installation du Parlement de Toulouse. Les registres sont d’emblée tenus en français, langue du roi.
Les États de Guyenne adoptent également le français dès 1470 pour tous les actes qu’ils soumettent au roi.
1452-1454
Premier livre imprimé en série, la Bible à quarante-deux lignes de Gutenberg
1453
Fin de la Guerre de Cent ans, rattachement de la Guyenne (Aquitaine) au domaine du roi de France.
L’annexion provoque le passage à une administration de langue française (chancellerie dès 1469). Parallèlement le port de Bordeaux connaît une formidable expansion commerciale vers la France et l’étranger. Là, les élites, puis la bourgeoisie et les commerçants abandonnent de façon subite dès les années 1490 l’usage écrit de l’occitan au profit du français comme en témoigne la langue des actes notariés.
1480
Les délibérations municipales d’Aurillac (Haute-Auvergne) sont rédigées en français et non plus en occitan.
L’Auvergne fait partie des territoires occitanophones les plus précocement francisés du point de vue politique et adminsitratif. Il faut cependant distinguer la situation en Basse-Auvergne (Clermont, Riom), où le français remplace l’occitan dans l’écrit administratif dès la fin du XIVe siècle, et la Haute-Auvergne (Aurillac, Saint-Flour) où la fêlure diglossique apparaît nettement un siècle plus tard.
1481
Charles du Maine lègue la Provence à Louis XI : la Provence est rattachée à la France.
À l’orée du XVIe siècle, l’ensemble de l’espace occitanophone est donc intégré au royaume de France, à l’exception de trois petits territoires, le Comtat venaissain autour d’Avignon (terres de la Papauté), le pays niçois (maison de Savoie) et surtout le petit royaume de Navarre qui se constitue au XVIe siècle en petit État moderne soucieux de son intégrité territoriale et juridique. L’occitan (béarnais) y a un statut particulier, langue du Prince et de l’Etat. La plupart des administrations municipales de l’espace occitan passent au français, suivant le modèle de l’administration royale, entre la fin du XVe siècle et le milieu du siècle suivant.
1487
« Union » de la Provence et de la couronne de France.
À sa mort, le dernier comte de Provence Charles d’Anjou, lègue la Provence au roi de France Louis XI contre la préférence des élites provençales pour le duc de Lorraine. En 1482 les État de Provence adoptent les « 53 chapitres », véritable constitution provençale, qui garantit, voire étend, les droits et privilèges provençaux. Soucieux de respecter le désir d’autonomie des élites provençales, « l’union » est réalisée par les lettres en forme d’édit qui consacrent l’union de la Provence à la Couronne, « sans que à icelle Couronne ni au Royaume ils soient pour ce aucunement subalternes pour quelque cause ou occasion que ce soit… »
1492
Chute de Grenade, fin d’Al-Andalus. Expulsion des Juifs d’Espagne. Découverte de l’Amérique.
1494
La corporation des pâtissiers-boulangers de Toulouse rédigent leurs statuts : derniers statuts de corporation toulousaines en occitan.
Dès le début du XVIe siècle tous les statuts de corporations toulousaines seront rédigés en français : merciers (1509), taillandiers (1512), verriers (1513), etc.
1500